Interview réalisé par la Fédération de l’Hérault de la Libre Pensée
La loi dite « Séparatisme » (rebaptisé « confortant les principes républicains ») va passer en procédure accélérée à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Elle suscite de nombreuses réactions. Nous avons décidé de réaliser des interviews de responsables politiques et associatifs qui partagent avec nous certaines valeurs.
Peux-tu te présenter ainsi que ton parcours militant ?
Bonjour, Je m’appelle Meddy Nedir, j’ai 19 ans et suis étudiant en Droit à l’université de Montpellier. Désireux de m’investir et attentif à la chose publique, je suis depuis mes années lycée engagé à promouvoir les valeurs auxquelles je crois, l’universalisme, la tolérance, la mixité, le progressisme et bien sur les valeurs de la République que je chéris tout particulièrement. Je suis en outre convaincu que l’on peut être profondément patriote sans pour autant verser dans le nationalisme et la haine de l’autre. Ces convictions que je porte m’ont amené à devenir représentant de l’académie de Montpellier au Conseil National de la vie lycéenne lorsque j’étais élève, et Président de l’association Sos Racisme Hérault actuellement.
La loi dite sur le « séparatisme » va passer à l’assemblée nationale, quelle en est ta lecture ?
Bien que dans le fond, l’objectif de ce projet de loi contre le « séparatisme » soit louable, certains éléments qu’elle contient posent d’emblée un problème. En effet, lutter contre l’islamisme et ses dérives est une nécessité pour la société, et il existe sur ce point un consensus général. Toutefois, lutter contre la dérive intégriste et sectaire d’une infime minorité d’individu se revendiquant comme appartenant à cette mouvance ne doit en aucun cas être l’occasion d’effectuer, même implicitement, un amalgame avec l’Islam et les musulmans en général, qui très majoritairement condamnent cette idéologie et n’ont de cesse de rappeler qu’ils sont hostiles à ce dogme.
Sans vouloir faire de procès d’intention au gouvernement, la construction initiale du projet de loi telle que présentée par le Président de la République ne va pas dans le bon sens, en ce qu’elle tend justement à stigmatiser l’Islam comme seule et unique vecteur du Séparatisme au sein de la société française, ce qui serait aussi absurde que de faire le rapprochement entre les chrétiens et la dérive inquisitrice ayant eu lieu au moyen-âge.
Je n’en veux pour preuve que la disposition de la loi visant à mettre fin, sauf raison médical impérieuse, à toute scolarisation à domicile sous l’égide du fait que certains parents adeptes d’une vision plus qu’archaïque de l’Islam, déscolarisent leurs enfants et les place dans des écoles religieuses.
A priori, cela peut sembler être une bonne mesure car il va de soi que la place d’un enfant n’est nulle part ailleurs qu’au sein des murs de l’Ecole de la République, toutefois, se cache derrière cette disposition un message assez pernicieux, selon lequel le fait de lutter légitimement contre la déscolarisation passe nécessairement par la désignation des musulmans.
Ainsi, au lieu de prévoir toute une série de mesure visant à fermer les écoles religieuses salafistes, on remet en cause le principe général de la liberté scolaire (car en France, seul l’instruction est obligatoire) en le justifiant par l’occurrence de quelques déscolarisations liées à ce motif. Par ailleurs, le gouvernement omet de préciser que si l’islamisme forme certes partie intégrante du Séparatisme en France, il en va également de même pour toutes les autres dérives sectaires sur notre sol.
A ce titre, et a fortiori dans le cadre d’une République une et indivisible que nous sommes censés être, il convient de lutter indifféremment contre toute mouvance portant atteinte au vivre ensemble sans distinction.
Le débat parlementaire suffira-t-il face à une majorité qui semble ne pas être perméable à grand-chose ?
A mon sens, depuis la fin du septennat et l’alignement des élections présidentielles sur les élections législatives, la pertinence du débat parlementaire est considérablement réduite. En effet, la fin des périodes de cohabitation a marqué la naissance de logiques majoritaire caractérisées par une censure de la politique gouvernementale quasi-inexistante. On peut donc globalement s’attendre sans trop de surprise à ce que le texte sur les « séparatismes » soit adopté sans trop de surprise.
Cela met donc en exergue la nécessité, en complément du débat parlementaire, d’une vigilance citoyenne dans laquelle associations, syndicats et particuliers peuvent faire part de leur protestation et exprimer leur mécontentement, ce qui généralement, contraint le gouvernement à faire machine arrière ou du moins à réviser partiellement sa copie. Pour le moment, il me semble que cela commence à porter ses fruits, le texte ne contenant plus le mot « islamisme » et revendiquant désormais vouloir « conforter les principes républicains ».
La question de la laïcité n’est pas toujours bien comprise, faut-il également expliquer ou ré expliquer la loi de 1905 ?
A l’heure de l’information en continue, des Fake-News et où la principale source d’information tend à devenir les réseaux sociaux, il est plus que nécessaire de mener un travail de pédagogie en expliquant et si nécessaire en réexpliquant la loi de 1905, mais également les autres grands principes qui sous-tendent la République. Une piqure de rappel fait toujours plus de bien qu’elle ne nuit !
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