Développement durable ou Capitalisme durable ?

par Michel Le Normand

La Constitution de la République a été modifiée ces dernières années par deux additions extrêmement pernicieuses, le principe de précaution et la charte de l’environnement, toutes deux en relation avec la curieuse politique dite de développement durable (DD). Le DD me semble une impasse en raison de l’ambiguïté de sa définition et des redoutables dérives attendue par les applications retenues. Il est urgent de démêler l’écheveau des notions scientifiques floues qui y ont conduit.
Un concept assis sur des dogmes.

Le DD, ou développement soutenable [anglais : sustainable], répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs … l’exploitation des ressources, les choix d’investissement et l’orientation des développements technologiques et des changements institutionnels sont tous en harmonie avec les capacités présentes et futures de répondre aux besoins et aspirations.

(BRUNDTLAND, 1987, rapport ONU) Il est assis sur 2 dogmes : l’incapacité des générations futures à faire aussi bien que les précédentes ; et la limitation des ressources terrestres. C’est une profession de foi, en une faillibilité constitutive de l’homme et de la nature, un péché originel qui affirme que tout comportement, individuel ou collectif, hérétique ou incroyant au regard de ces dogmes, ne peut qu’entraîner un développement non durable, un emballement social, en somme une révolution. Comme tout dogme, c’est une croyance contre-révolutionnaire.

Religion donc, il est appuyé sur une crainte irraisonnée de l’avenir et sur la promesse d’un meilleur autre monde, ici le futur hypothétique de nos enfants ; le DD c’est la religion du capitalisme durable se perpétuant en fin de l’histoire. Le système capitaliste veut contraindre les pays en voie de développement à ralentir leur croissance pour laisser se poursuivre l’exploitation de leurs ressources et de leurs travailleurs dans le cadre de la mondialisation.

L’histoire commence par l’invocation de différents évènements amplifiés par les médias : accidents nucléaires, chocs pétroliers, interdiction du DDT, pluies acides, trou d’ozone … Enfin, l’alerte au changement climatique dû au CO2, gaz à effet de serre, est lancée en 1985-86, au moment de la diffusion du rapport Brundtland. La plupart des précédentes alertes furent minimisées voire décrédibilisées par les progrès de la science ; mais la responsabilité du CO2, soutenue par Thatcher, sur la foi d’obscures publications invalidées par les spécialistes, perdure et s’amplifie jusqu’en 2005 où des recherches de statisticiens puis de physiciens théoriciens font s’effondrer la supercherie alarmiste du GIEC, sur l’effet de serre du CO2 humain. Malgré les protestations croissantes de milliers de scientifiques, l’opinion est saturée et d’énormes intérêts financiers tiennent à ce que tout le monde ait peur d’un réchauffement climatique, même improbable.
La nouvelle gouvernance.

Toute religion vit sur un dogme moral, un catéchisme enseigné par un clergé, ici c’est la nouvelle gouvernance. Pour moi, la meilleure preuve que le capitalisme secrète le DD est donnée par la manière dont les écoles de commerce s’en sont emparé et en enseignent toutes les subtilités en cours de gestion et de stratégie des entreprises. Ainsi, un document de cours, présente le DD comme la manifestation de la responsabilité sociale des entreprises qui ne serait rien d’autre que le management durable (titre de l’ouvrage), une sorte d’art du possible, une solution économiquement efficace, socialement équitable, écologiquement efficace et encore un engagement moral. (Prof. Mauléon, Master internat. gestion et développement durable, Ecole Sup. de Co. et Manag. Tours-Poitiers et Univ. Sherbroke, Québec).
Qu’en termes choisis ces choses là sont dites ! Mais la déclinaison qui suit au niveau de l’entreprise nous ramène les pieds sur terre.
Quatre aspects fondamentaux doivent être respectés pour toute entreprise s’engageant dans le management durable : économie, intégration sociale, respect écologique, transparence vis à vis des actionnaires.

* Economie. Il faut une entreprise économiquement solide qui doit rester compétitive, et donc pouvoir licencier des salariés et agir en bonne et saine gestion capitaliste. C’est le point le plus important auquel tous les autres doivent concourir. L’intégration des considérations sociales et environnementales est subordonnée à une bonne santé de l’entreprise. Tout est dit ; le management durable est d’abord le capitalisme durable.

* Intégration sociale. Il faut intégrer les salariés, forces vives de l’entreprise, dans ses priorités afin de les persuader de l’intérêt commun à se lancer dans un développement à moyen ou long terme. C’est l’association capital-travail, le corporatisme des encycliques de Léon XIII et Pie XI, la doctrine sociale de l’Eglise romaine. Il faut persuader les salariés de la fin de la lutte des classes remplacée par l’intérêt commun corporatiste, en entretenant une constante confusion entre hiérarchie exécutive nécessaire et souveraineté démocratique.

* Respect de l’écologie. L’écologie n’est prise en compte que comme vérité idéologique absolue, quasi religieuse, organisée par une bureaucratie administrative par des contraintes fiscales réglementaires ou judiciaires, imposées au peuple souverain par des groupes de pression cléricaux illégitimes nommés parties prenantes sensibles aux problématiques écologiques. Ces corps intermédiaires de la subsidiarité sont évoqués en termes menaçants. Ils ne tolèreront pas ce que longtemps la collectivité a concédé. C’est bien de la démocratie sociale, voire de la République, dont le capitalisme durable dit sans vergogne vouloir se débarrasser.

* La transparence envers les actionnaires, quatrième obligation du DD, rend compte de la lutte sourde entre gestionnaires et propriétaires du capital. Les scandales des différentes bulles financières, Enron, subprimes …, sont sous-jacents à cet apparent engagement nécessaire de transparence au nom de la prétendue nouvelle gouvernance. En réalité, personne n’est dupe, les explosions de bulles financières font des victimes ; mais en régime capitaliste, en fin de compte, c’est toujours l’exploité qui paye, la classe des prolétaires qui ne peuvent que dépenser leur salaire pour reconstituer leur force de travail et limiter, leur déficit de durée de vie en tentant d’améliorer leurs maigres retraites.

Le mythe fondateur.

Mode légal de propagation d’un obscurantisme écolo-éthique au service de l’exploitation capitaliste, le DD est fondé sur un mythe principal : le CO2, gaz à effet de serre émis par l’homme, responsable des changements climatiques.

En fait, de nouvelles théories remuent la majorité du monde scientifique. Les spécialistes des cycles solaires, prévoient une période de refroidissement important qui serait beaucoup plus dangereuse pour l’humanité.

Très bientôt, la vérité du réel éclatera, le mythe et la bulle financière verte à qui il sert de fondement, s’effondreront et les plus pauvres paieront les dégâts. Ne sommes-nous pas en système capitaliste ? De nombreux exemples de catastrophes (amiante, silicose …) liées au fonctionnement parfaitement amoral de ce système, sont bien connus.

Rappelons-en deux à prétexte écologiste.

L’interdiction du DDT en 1972, a conduit à une hécatombe mondiale qui sévit toujours. La malaria, transmise par des moustiques, extermine chaque année 2,7 millions de personnes, dans les pays pauvres, surtout en Afrique (Brissonnet, 2003 sur le site AFIS). Dès son abandon, de nombreux pays comme l’Inde ou Ceylan où la malaria diminuait sous l’effet du DDT, furent confrontés à des épidémies majeures. Ce DD avant l’heure fut une fantaisie, qui coûte encore bien cher à l’humanité !
De la même façon la lubie du trou d’ozone a servi à remplacer les CFC des fluides caloporteurs des réfrigérateurs, au moment où le brevet étant tombé dans le domaine public, ceux-ci allaient devenir bon marché pour le tiers monde.

Dans les deux cas, les capitaux investis dans l’industrie chimique se sont arrondis sans bulle financière ; le silence est bien gardé sur ces impostures scientifiques. Méfions-nous donc des allégations sur le CO2 et les taxes associées qui ont fait de la molécule la plus précieuse de l’atmosphère, un polluant à éradiquer ; sans elle, il n’y a pas de plantes, pas d’oxygène, donc pas de vie sur la planète.

Le développement durable et ses effets collatéraux : la répression verte.

Le tri des déchets est un des principaux objectifs des directions administratives en charge de l’application de cette politique. Les papiers et cartons sont d’origine végétale donc renouvelables. Devraient-ils être recyclés ? Avoir le bon sens de dire que c’est une ineptie dans une ville qui brûle ses ordures ménagères pour le chauffage urbain, paraît une véritable hérésie. Et pourtant, ces matériaux combustibles constituent 40% de la masse du produit à brûler. Les trier, pour en faire bénéficier une entreprise privée de recyclage, suppose qu’une autre, ou la même, exploitant l’incinération, les remplacera par du fuel, combustible fossile à réserve limitée. Mais, puisque le capital engrange des profits, vive Ubu-roi !

La mise en œuvre, de la politique imposée par les moralistes du DD suppose une véritable répression verte du comportement des individus citoyens. Déjà la police des idées se met en place, la tendance à l’excommunication devient populaire. Dans les milieux de l’enseignement, de la recherche et de la presse, la moindre position hétérodoxe est violemment attaquée. Les sceptiques, que devraient être tous les scientifiques, sont qualifiés de négationnistes (anglais deniers), avec la connotation d’extrême droite qui convient, s’ils ne font acte d’allégeance au prétendu consensus ambiant. Comparés à des révisionnistes de l’holocauste, ils sont de plus accusés d’être vendus aux industriels de la chimie ou de l’énergie.

Le capitalisme n’a pas inventé cette idéologie obscurantiste, mais il trouve l’aubaine très bonne, qui obscurcit la lutte de classe.
Que faire ? Comprendre et savoir pour mieux résister.

* L’école est le 1er enjeu.

La démolition de l’instruction au profit de l’éducation à tous les niveaux de notre enseignement public me semble avoir une grave responsabilité dans les reculs actuels. L’enseignement scientifique a été particulièrement touché en raison de son assise obligée sur la rigueur et l’effort. Or, les principes et méthodes pédagogistes, imposés dès les années 1960-70, ont dévalorisé l’acquisition des savoirs. Il faut remplacer dans les programmes, l’éducation à l’environnement par l’esprit critique d’une véritable instruction. Que nos enfants sachent d’abord lire, écrire, compter, calculer !

* L’information et la communication

Le réchauffement médiatique, comme le nomme C. Muller sur son site climat-sceptique, appelle la résistance la plus acharnée, en regroupant nos forces et en organisant systématiquement des conférences et communiqués de presse de démystification. Des arguments scientifiques sont sur divers sites (Pensée unique, Changement climatique). La presse peut parfois aider à comprendre et constituer un solide argumentaire pour contester la propagande capitaliste écolo-éthique. Je ne saurais trop insister sur les articles de P. Cise (La Vérité, 2005 n° 45 et 2007 n° 58) et de P. Doisnel (La Vérité, 2007 n° 59). La terreur véhiculée depuis longtemps par la camarilla médiatique alarmiste a laissé des traces dans beaucoup de milieux.

* Dans les entreprises l’application de toute politique au nom du développement durable doit être critiquée sur la base de la réalité objective.

Notre déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dit : La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. Toute action imposée en contradiction avec ce principe fondamental doit être systématiquement combattue et refusée au nom du droit constitutionnel aussi de résistance à l’oppression.

Pour conclure, je voudrais insister sur l’urgence de bien faire comprendre la machination des taxes carbones et droits à polluer car ils sont fondés sur l’hypothèse effet de serre/CO2 et donc sur une consommation moindre de carburants pour le chauffage domestique. Or, depuis début mai 2008, même les alarmistes (revue Nature et NASA) du réchauffement climatique admettent, pour les 10-15 prochaines années, un refroidissement général, ce que leurs modèles n’avaient pas prévu ; mais surtout, ce qui nous promet des lendemains dramatiques pour les plus pauvres si la taxation des émissions de CO2 est maintenue car nous allons devoir, qu’on le veuille ou non, dépenser plus pour nous chauffer. Les hivers ne vont pas être réduits mais allongés, peut-être d’un mois à chaque extrémité, soit +50% sur les factures.