
par Gérald Cusin
L’accord Kouchner-Vatican fait couler beaucoup d’encre dans divers milieux [1]. Les communiqués va-t-en guerre se succèdent, mais bien souvent sur l’air de « armons-nous et partez ! ». Il est vrai que la Libre Pensée n’a pas attendu pour partir, elle, et a été la première à déposer un recours devant le Conseil d’Etat, il semble que cela dérange dans ces divers milieux, mais baste ! Quant à Kouchner, il continue son bonhomme de chemin. Le Monde, du 27 juillet, nous apprend que « La diplomatie intégrera désormais le fait religieux » : « le ministre Kouchner vient de créer un pôle religions au Quai d’Orsay. Une première en France ». Pour lui, il s’agit « d’un effet de la mondialisation », et une nécessaire « modernisation ».
Il est vrai que rien n’est plus moderne que les religions, et qu’elles en connaissent un rayon pour ce qui est d’apporter le paix dans le monde. A bien lire l’article, on s’aperçoit d’ailleurs qu’en fait de religion en général, il s’agit plutôt d’un pôle dont la préoccupation principale prolongera la politique Bush-Obama en matière de lutte contre l’axe du mal. Le responsable du pôle, Joseph Maïla, catholique d’origine libanaise assure : « Comment faire de la médiation dans un conflit si on ne reconnaît pas la différence entre chiisme et sunnisme, entre un grec-orthodoxe et un maronite ». Il s’agirait ici d’être à la fois du groupe des incendiaires, en soutenant la politique extérieure des États-Unis, et de participer au groupe des pompiers, en s’adjoignant les soutanes de toutes les couleurs.
Mais bon. Revenons sur l’accord signé entre la France et le Vatican sur les diplômes universitaires. Un aspect – important à mes yeux – n’a pas encore été évoqué. Puisque cet accord confirme que les écoles catholiques ne sont pas des écoles françaises, mais dépendent directement du Vatican, il faut en tirer toutes les conséquences. Le Vatican n’appartient pas à l’Union européenne, il n’entre pas, donc, dans l’espace de Schengen. Les écoles catholiques doivent être frappées d’exterritorialité. C’est logique. Il faut mettre des barbelés autour, voire des murs assez élevés pour éviter que les petitcathos qui les fréquentent puissent impunément entrer illégalement sur le territoire afin de profiter de la richesse occidentale qu’ils n’ont pas dans leur petit pays d’origine aux maigres ressources. Tout élève sortant de ces écoles, doit être considéré comme un clandestin, et placé en zone d’attente, et gare à celui qui tenterait de lui porter aide ! : L’article L622-1 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile stipule : « Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 Euros. » Et qu’ils n’essayent pas de nous la jouer : « il n’y a pas de liberté dans mon pays, le pouvoir est aux mains d’une oligarchie réactionnaire et sans scrupule, on ne peut pas s’exprimer, on n’a aucun droit ; et gnagnagna, et gnagnagna… » : Il n’y a aucune preuve à ces racontars. Au contraire, d’ailleurs ! Si ces gouvernants étaient aussi mauvais qu’on voudrait nous le faire croire, est-ce que notre président entretiendrait d’aussi excellents rapports avec le principal d’entre eux ? Évidemment, non !
Halte à la multiplication des femmes voilées !
Le Journal du Québec du 12 juillet nous informe que Laureen, épouse du Premier Ministre du Canada Stephen Harper, s’est présentée vêtue de noir et couverte d’un foulard devant le pape, lors d’une rencontre organisée à l’occasion du sommet du G-8. Précédemment, Michelle Obama et toutes les femmes de la délégation américaine en avaient fait autant. Deux exceptions notables cependant parmi les chefs d’Etat femme [2] : Angela Merkel et Mary McAleese, actuelle présidente de l’Irlande [3], se sont toujours présentées sans « le voile de la chapelle », comme on appelle l’objet.
Le port du voile à l’Eglise avait fortement diminué après Vatican II, mais depuis la publication en 2007 par Benoît XVI d’un motu proprio autorisant le retour à plusieurs rites datant d’avant les réformes, le port de la « mantille » semble être en progression. Cette coutume revient en force aux Etats-Unis, « comme signe du renouveau de la liturgie catholique [4], nous informe le forum de l’information catholique française (qui est en fait celui de la fraternité Saint-Pie X [5]). Et d’ajouter : « c’est une pratique « honorable », elle exprime « la modestie de la révérence », c’est un « commandement de Dieu ».
Pour terminer, sur ce propos, comment ne pas citer à nouveau (on ne s’en lasse jamais), l’épitre de Saint-Paul aux Corinthiens : « L’homme ne doit pas se couvrir la tête puisqu’il est à l’image et à la gloire de Dieu, tandis que la femme est à la gloire de l’homme. En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme [6] ; et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme. C’est pourquoi la femme, à cause des anges [7], doit avoir sur la tête une marque de l’autorité dont elle dépend. »
Notes
[1] Je sais le syntagme est hardi sur le plan de la géométrie pure, mais – comme disait à peu près l’éternel regretté Pierre Dac : « Quand on sait ce que je sais, j’ai raison de penser ce que je pense ».
[2] Cheftaine ? Chefesse ?
[3] Décidément, ces Irlandais, ils ne font rien comme les autres …
[4] C’est comme dans la première partie de cet article : c’est avec du vieux qu’on fait du renouveau.
[5] Allez-y voir : http://forumcatholique2.blogspot.com/… je vous assure que vous allez passer un bon moment
[6] Et même « par » … oui, je sais …, mais je ne peux pas m’en empêcher.
[7] Un de ces jours, il faudra que je me fasse expliquer pourquoi ce « à cause des anges ». Longtemps, j’ai cru que les anges étaient considérés comme des pigeons, et donc qu’il valait mieux parfois se protéger la tête pour éviter toute souillure. Et puis j’ai fait usage de mon libre examen : s’ils peuvent s’oublier sur la tête des femmes, pourquoi pas celle des hommes ? Une autre réflexion m’est alors venue : « C’est peut-être pour ça qu’on était séparés à l’église ? » … allez savoir.