Appel à témoin

Ça commence par un avis de recherche : si vous avez vécu des expériences extraordinaires, inexplicables, sachez que quelqu’un va maintenant prendre en charge votre témoignage : l’INREES, « l’institut de recherche sur les expériences extraordinaires ». Le but de cet institut vise, nous dit l’AFP, « à rendre légitime et normale l’étude de (…) phénomènes [telles que] des épisodes vécus au seuil de la mort ou des rencontres avec des esprits ». Attention, tout cela s’appuiera sur une démarche « scientifique » et « sérieuse ». Il s’agira de « dissocier, dans un comportement ou un récit d’expérience extraordinaire, ce qui est pathologique de ce qui ne l’est pas ». Un autre but de cet institut sera de mettre à disposition des cliniciens et professionnels de la santé mentale, un « Manuel de description clinique des Expériences Extraordinaires, regroupant par catégorie la totalité des expériences extraordinaires répertoriées à ce jour. »

Bon, je veux bien. Mais ça ne convaincra personne, à mon avis. Et comme la science en l’état ne saurait avoir réponse à tout, ni détenir la vérité absolue, je ne vois pas très bien où tout cela va nous mener. Tout ce qui ne pourra être expliqué scientifiquement, retournera dans le domaine de la croyance et du religieux, et le renforcera… en partant du principe, évidemment, que les membres de l’institut sont des gens de bonne foi et indépendants, ce qui n’est pas toujours le cas dans certaines commissions chargées d’instruire sur les miracles et le paranormal.

Par contre, ils vont avoir du pain sur la planche et l’institut ne va pas désemplir. Par exemple, moi-même, j’ai vécu plusieurs expériences extraordinaires : Je ne parle pas de la tartine de confiture qui tombe du bon côté, non, ça c’est banal, et sert juste à prouver l’existence infaillible de dieu. Non, non, je vous parle d’une véritable expérience extraordinaire, partagée d’ailleurs par des millions de gens : C’était il y a longtemps, en mai 2005 : j’ai entendu une voix qui m’appelait à me prononcer par referendum en faveur du traité européen. Comme la majorité de mes concitoyens, j’avais cru malin de faire le contraire de ce que me disait la voix, et bien mon vote a été considéré comme nul !… Je savais que vous n’alliez pas me croire… Mais, attendez !, plus fort encore !, pour ne plus m’importuner la voix a décidé désormais de ne plus m’interroger sur le sujet, et de se débrouiller toute seule. Et bien, maintenant, il y a plein de gens qui réclament qu’on vote une deuxième fois… preuve qu’eux, ils sont d’accord pour dire que la première fois c’était pour de faux… parce que sinon, on serait obligé de croire qu’ils veulent être en démocratie et par contre coup cela signifierait que nos grands dirigeants n’y sont pas trop favorables …. impensable !

Si vous n’appelez pas cela une expérience extraordinaire, voire limite, je ne sais pas ce qu’il vous faut. L’INREES va-t-il classer cela dans le pathologique ?… L’avenir le dira.

Stockez vos hosties, elles vont valoir de l’or !

Les conséquences de la mondialisation – qu’on le veuille ou non – se font sentir dans notre quotidien de tous les jours. Ainsi, on apprend de source sinon sûre, du moins ecclésiale, que l’augmentation du prix du blé et de la farine va se répercuter sur celui de l’hostie. : « La farine n’est pas donnée, et l’électricité ne tombe pas du ciel ! Alors, il va bien falloir que l’on relève nos prix », se plaint, sans rire, la sœur Thérèse du carmel de Luçon, lequel fournit des hosties à la chrétienté vendéenne depuis 1847, « on ne peut pas faire gratis (pro deo, évidemment). Il faut bien qu’on gagne notre vie. »

Certains chiffres donnent le vertige – si ce n’est l’indigestion : Ainsi, à Lourdes, il est consommé annuellement 2.700.000 hosties, dans les années ordinaires. Mais, lors de la dernière visite papale, 2 millions d’hosties avaient été consommées rien que pendant la semaine de son passage (c’est vous dire si on attend le Benoît en mai prochain !).

Le prix restait stable grâce à des négociations serrées fondées sur des achats de farine en grosse quantité : chez les carmélites on s’y entend aussi bien que chez Leclerc. Dans le diocèse de Rouen, ces négociations sont menées par « l’œuvre du blé eucharistique »… à quel prix ?, en tous les cas hors du prix du marché, puisque c’est sur la base d’une entente entre le diocèse et certains agriculteurs. Toujours est-il que le surplus d’argent et de farine collecté dans les paroisses est porté en faveur de la formation des séminaristes de deux diocèses : c’est vous dire si ces gens savent gagner leur pain.

Malgré tout, voilà un marché qui ne répond pas à la loi de l’offre et de la demande, vu le nombre de paroissiens qui fréquentent les églises aujourd’hui. On nous annonce que le théophage de base n’aura pas à supporter cette augmentation. On devrait s’en réjouir pour eux … quoique … Il serait peut être utile de leur rappeler, comme pour le reste, que si le corps du Christ n’a pas de prix, il a quand même un coût.

Tout augmente. Et loin de nous l’idée d’empêcher les sœurs carmélites de gagner leur vie en faisant quelque chose d’utile dans la société. Évidemment, je me dis qu’on pourrait proposer que le corps du Christ soit enfermé dans du chewing-gum par exemple, le cours du caoutchouc étant plus élastique. Autre avantage : une fois mâché, on pourrait coller le chouime sous le prie-Dieu et le paroissien suivant n’aurait plus qu’à le reprendre, comme on faisait à l’école : le bon dieu serait toujours là, bien englué. En ce temps où il faut économiser l’énergie et les matières premières, certains pourraient peut-être prêter une oreille attentive à nos propositions constructives, ils n’en vivraient que mieux.


Suite à cette chronique, j’ai reçu le message suivant :

EVIDEMENT [sic] SI ON COMMENCE A PARLER DE CE GENRE CHOSE COMME CELA….BREF LAMENTABLE

… Je ne vous le fais pas dire…