
Interview réalisé par la Fédération de l’Hérault de la Libre Pensée
La loi dite « Séparatisme » (rebaptisé « confortant les principes républicains ») va passer en procédure accélérée à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Elle suscite de nombreuses réactions. Nous avons décidé de réaliser des interviews de responsables politiques et associatifs qui partagent avec nous certaines valeurs.
Le grand débat pour une laïcité du XXIéme siècle, à peine amorcé, s’inscrit dans un débat encore plus important, la place des quartiers populaires dans le rassemblement, si difficile à réaliser. Nous interprétons les lois sur les libertés et la laïcité comme une tentative réitérée pour assurer la police des esprits dans une période où les Français ne se laissent plus si facilement convaincre et où la tentation du passage en force paraît à Macron et à son équipe comme la seule solution. Cela exige d’écarter les couches qui souffrent le plus du libéralisme du débat politique en utilisant les contradictions au sein de ces couches. Il faut diviser, car l’union est un péril mortel, cliver sur de faux problèmes, surfer sur les tendances négatives qui traversent la société française, comme le racisme. En somme une facette plus soft que les matraquages, la répression syndicale, et les yeux crevés des manifestants.
L’instrumentalisation macronienne de la laïcité est un des aspects de la formidable bataille idéologique. Il est inutile de revenir sur ce qui nous unit profondément sur ce sujet à la Libre Pensée. Le deux poids deux mesures est dirigé contre la seule religion musulmane, c’est l’État qui doit être laïque et non les citoyens, obliger les Associations à adhérer à une charte gouvernementale est le contraire de la loi de 1905.
La laïcité est une valeur de gauche. Rétrécie à l’athéisme, elle peut devenir une valeur réactionnaire. Le porc obligatoire dans les menus de cantine, l’interdiction de tel ou tel vêtement, l’obligation faite à une communauté de renoncer à ce à quoi elle croit, le contrôle de la religion par l’État, comme le vise Macron pour l’Islam, ne font pas partie de la loi de 1905 qui autorisait soutanes et cornettes et n’imposait pas le culte de l’être suprême. Le Pen n’est pas laïque mais se revendique de la laïcité. C’est une escroquerie.
La laïcité au XXIéme siècle doit mêler la justice sociale, la fin des discriminations de genre ou ethniques ou de croyance, la liberté de pensée, à l’attitude de l’État vis-à-vis des religions. Et non servir à approfondir le « séparatisme », à remettre en question l’identité nationale, à définir un ennemi intérieur. Une laïcité qui divise n’est pas la nôtre. Elle doit prendre en compte l’Islam, deuxième religion de France aujourd’hui.
Par ses statuts et sa raison d’être Rencontres Marx ne s’inscrit pas dans les débats parlementaires. Bien entendu la loi de 1905 vaut mieux que les lois macroniennes liberticides qui n’ont pas lieu d’être. Mais c’est d’une tout autre loi que devra accoucher le mouvement populaire, lorsqu’il parviendra à s’unir, non les seules couches moyennes, mais la partie du peuple qui subit dans toute sa violence le libéralisme, c’est-à-dire l’immense majorité des français et françaises, dans la diversité et non l’uniformité. Et l’outil, en attendant d’être majoritaires reste avant tout la bataille d’idées et les initiatives qui ont déjà contraint Macron à quelques reculs.
C’est sur ces bases que nous avons participé à l’appel lancé à Montpellier contre la « charte de la laïcité » que le Maire de Montpellier impose de signer aux associations sous peine de ne pas avoir de subvention. A noter que cette « charte de la laïcité » exigée des associations n’est pas imposée aux entreprises, institutions …
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