
par Gérald Cusin
Les Etats-Unis d’Amérique, que l’univers interstellaire nous envie, se signalent chaque jour par la modernité de ses hommes (et femmes, restons paritaires) politiques et l’avant-gardisme de leurs prises de position. Ainsi, on ne saurait trop rappeler la décision tant attendue de l’Etat du Kansas, qui réhabilite le rôle sacré de Dieu dans la création et qui fait remonter M. Darwin dans l’arbre d’où il n’aurait jamais dû descendre.
La ville de New-York n’est pas en reste, sur un autre plan, il est vrai. Qu’on en juge : Le musée d’Art de Brooklin a exposé récemment les oeuvres d’un obscur britannique peintre Chris Ofili, la collection « Sensation ». Parmi les 90 toiles, on trouve une « Vierge noire ». Le problème est qu’on peut la décrire de la manière suivante : sur un fond jaune pisseux, la Vierge Marie y semble flotter au milieu de ce qui est décrit comme « du caca d’éléphant ». Le cardinal John O’Connor a été le premier à crier au scandale : « C’est une attaque non seulement contre la mère du Christ, mais contre la religion elle-même et contre l’Eglise en particulier ». Cela aurait pu s’arrêter là, ce qui n’était déjà pas si mal. Ce serait oublier qu’à New York, on est en pleine campagne électorale à propos des élections municipales. Un des deux candidats est Mss. Hilary Clinton. Son adversaire, le républicain Rudolph Giuliani y est allé de son couplet – histoire de mettre sa rivale démocrate dans l’embarras – : « C’est une oeuvre à vomir », a-t-il déclaré, en menaçant de couper les vivres au musée de Brooklin (7 millions de $, soit plus de 40 millions de Francs). Quant à la First Lady, elle a déclaré, pêche aux voix oblige, « qu’elle n’irait certainement pas voir cette oeuvre profondément blessante », même si elle jugeait « incongru » de couper les vivres à un musée. Pendant ce temps, le musée a essayé de négocier avec la ville : fermeture de l’exposition aux mineurs non accompagnés ?, ou retrait de la toile controversée ? Dites-nous ce qu’il faut faire , Monseigneur, nous sommes prêts à toutes les bassesses. Là comme ailleurs, puissante est la force des cagots dans notre siècle finissant.
Mais attention, il y a de tout aux Etats-Unis. Ainsi, connaissez-vous la fondation « Ig Nobel » ? Lisez Ignobel, ou ignoble. C’est une cérémonie alternative qui se déroule à l’université américaine Harvard, le même jour que celle de la remise des prix Nobel à Stockholm. Cette cérémonie « récompense » les personnes, dont les travaux et les actions, principalement dans le domaine de la science, « ne peuvent ou ne devraient pas être reproduits ». Le prix de Physique a été partagé entre le professeur Len Fisher, de l’université de Bristol (GB), lequel a calculé avec son équipe, durant deux mois, la meilleure façon de tremper un biscuit dans son thé ou son café, et le Belge Jean-Marc Van den Broeck qui a trouvé comment fabriquer une théière dont le bec ne goutte pas. Le Prix Ig Nobel de la Santé a été décerné à un couple d’Américains qui ont fabriqué (selon un brevet datant de 1965) une table d’accouchement sur laquelle la patiente est attachée et qui tourne à grande vitesse, provoquant ainsi l’accouchement grâce à la force centrifuge. On ne dit pas si des spécialistes du football américain sont nécessaires pour bloquer l’arrivant avant qu’il n’aille s’écraser contre le mur de la salle d’opération, ou bien si le cordon ombilical hyper tendu fait revenir le bébé à son point initial à la manière du jokary.
Le prix Nobel de Chimie a été décerné à des chercheurs japonais. Ils ont découvert un produit qui sous la forme d’un vaporisateur permet aux Nippones soupçonneuse de vérifier l’adultère de leur époux Nippon. Ce produit révèle les traces de sperme dans les sous-vêtements, partant du principe que le liquide séminal peut se retrouver dans les urines jusqu’à deux heures après l’éjaculation.
La palme revient, comme de juste, au prix Ig Nobel de la Paix, lequel a été décerné à des chercheurs sud-africains. Ils ont commercialisé un lance-flammes intégré à une voiture. Cette « option » installée sous les portières avant, vaporise, sur un agresseur éventuel, un gaz liquéfié qu’une étincelle enflamme instantanément. Rappelons qu’en Afrique du Sud, on n’est pas condamné en cas de meurtre avec légitime défense, et la légitime défense commence au moment où on s’en prend à la propriété privée. Là où on rit moins, c’est qu’un des premiers acheteurs de ce gadget a été l’un des responsables de la police de Johannesburg. N’empêche, commercialisé en France, ce système réduirait, avec tact et bon goût, le problème de l’éclairage de nos banlieues, et de l’insécurité qui y règne
N’ayez crainte, la prochaine fois je vous parlerai de ce qui se passe de ce côté-ci de la grande mare.