La légende de Saint-Nicolas l’islamique

par Gérald Cusin

Livre des origines de Nicolas Sarkozy, comme il est dit dans Mathieu, chap.1 :

Napoléon engendra Pierre Joxe. Pierre Joxe engendra Charles Pasqua. Charles Pasqua engendra Lionel Jospin et Jean-Pierre Chevènement, dit le Tché, son frère. Jean-Pierre Chevènement engendra Nicolassarkozy.

Le Tché offrait l’encens à l’Assemblée nationale. Alors lui apparut un ange du Seigneur, debout à droite de l’autel de l’encens. A sa vue, le Tché fut troublé et la crainte s’abattit sur lui. Mais l’ange lui dit : « Sois sans crainte, Tché, car ta prière est exaucée. Ta femme t’enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Nicolassarkozy et beaucoup se réjouiront de sa naissance. Car il est grand devant le Seigneur Chirac. Il ne boira ni de vin ni de boisson fermentée et il sera rempli de l’Esprit saint dès le sein de sa mère. Il ramènera beaucoup d’enfants d’Ismaël au Seigneur Chirac, afin de former pour lui un peuple préparé. Il réussira, là où tu as échoué, car en vérité je te le dis, tu ne verras point la constitution du Conseil français du culte musulman, et tu ne témoigneras point pour l’histoire de ce haut fait, mais ta semence en portera les fruits. » (Luc. Chap.1, naissance de Nicolassarkozy.)

Alors le Tché alla voir son épouse, Marie, mère des Cultes bénis et de l’Intérieur. Il lui dit : « Trois anges sont venus ce soir, m’apporter de bien belles choses … », et Marie lui répondit : « Tché, tu as encore bu ? ». Alors, il se fit un grand bruit, et Darth Vador, l’ange du seigneur Chirac apparut. Marie s’écria « Bon dieu !, Marcel Belliveau ». « Y a pas plus de bon dieu que de caméra casher, lui répondit l’ange, il faut que tu y passes … », et Marie dit à l’ange, avec un regard en coin : « Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge ? » L’ange lui répondit, en essuyant la bave qu’il avait aux commissures des lèvres : « L’Esprit saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre, c’est pourquoi celui qui va naître sera saint Nicolas, et bla, bla, bla … » Marie dit alors, légèrement déçue : « Je suis la servante du Seigneur Chirac. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit. » Et l’ange la quitta en remontant son pantalon. (Luc Chap 1, annonce faite à la République.)

Et Nicolassarkozy grandit en force et en sagesse. Or vint le temps de la grande rencontre. Nicolas se rendit sur la montagne de Nainville-les-Roches, et y convia « à la table de la République », tout ce qui comptait quelque peu en matière d’islam sur le territoire, tout ce qui était présentable, s’entend. « Il n’est point question d’inviter l’intégriste ! », dit-il à ses disciples dans son prêche.

Un des disciples, un peu attardé, mais que Nicolas aimait entre tous, demanda :

« Seigneur, qu’est-ce que l’intégriste ? »,

– Est intégriste, lui répondit Nicolas, celui qui s’oppose à l’application des principes essentiels de la République. »

– Quels sont ces principes, Ô divin maître ?, ne sont-ils pas ceux contenus dans la loi de 1905 ?

Tu lis trop la Raison, et tu commences à me les casser, lui répondit l’envoyé du Seigneur. Certes, la loi de 1905 fixe un principe de neutralité de l’Etat à l’égard des cultes, qu’on appelle aussi principe de séparation. Mais elle garantit également, dès son article premier, la liberté de conscience et le libre exercice des cultes qui permet aux convictions religieuses de s’exprimer dans l’espace public, sous la seule réserve de l’ordre public. La liberté de conscience n’est en effet qu’une coquille vide si elle ne s’accompagne pas de la possibilité de pratiquer librement et publiquement sa religion. Contrairement à certaines visions dépassées ou mal comprises de la loi de 1905, la République laïque n’est pas indifférente aux cultes, pas plus qu’elle ne les condamne à la clandestinité. Sans encourager ni critiquer, elle doit pouvoir dialoguer avec les religions pour créer les conditions juridiques les plus adéquates permettant l’observation des pratiques religieuses. Or sur ce point, l’islam est dans une situation inégale par rapport aux autres religions, du fait de l’absence d’instance représentative. C’est ce que m’ont dit mes voix, (car Nicolas, comme Jehanne la Pucelle entendait des voix) les responsables des autres grandes religions de notre pays ; ils m’ont dit ou fait savoir qu’ils étaient attentifs au processus ; ils espèrent que l’Islam pourra bientôt, sous une forme ou sous une autre, joindre sa voix aux débats fondamentaux qui traversent notre société et auxquels les religions doivent participer ».

Et tous les disciples opinaient en silence.

« Ne soumettons pas la future instance que nous allons créer aux influences étrangères, dit-il enfin, en s’élevant légèrement à 10 cm au dessus du sol. C’est pourquoi je pense que Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, dont l’indépendance vis-à-vis du gouvernement algérien n’est plus à démontrer, pourra être consacré président de ce nouveau Sanhédrin. Pour faire joli, je vais même y mettre des femmes (Non ?, si !, si !), comme les cerises du gâteau, elles seront une dizaine dans une assemblée qui comptera plus de 200 personnes, élues pour 55% et cooptées pour 45%.

–  Mais, Maître, lui dit le disciple, il n’y aura donc point de parité ?

Un peu plus que chez les évêques, pauvre pomme !, rrépliqua Nicolas dont la patience avait atteint ses limites. Dans les régions, j’installerai des Conseils régionaux élus à 80%. Il y aura un soir, il y aura un matin, et le conseil sera créé. Allez en paix, la messe est dite.»

Les disciples répartis à droite et à gauche du trône, et les journalistes étaient aux anges. « Allez-vous, Maître, prendre des mesures contre les intégristes de la laïcité, demanda avec ferveur un journaliste travaillant dans une radio culturelle de l’Etat ? » Les temps sont proches, mais ne sont pas encore venus, répondit l’écho.

Et moi, Gérald Cusin, humble copiste du monastère de Worms, j’ai consigné tous ces faits afin que les générations futures en soient édifiées. J’atteste céans la véracité des paroles (enfin presque toutes) qui furent prononcées par le divin Maître.